L’haltérophilie HandiSport : le développé couché pour tous
Le sport n’a pas qu’un côté récréatif pour les personnes handicapées, mais il a également un rôle de rééducation et de réadaptation pour ces véritables athlètes. Grâce au sport, les non-valides peuvent développer leur facultés physiques, et même psychiques,ce qui en fait une très bonne thérapie !
L’haltérophilie handisport, sport Paralympique, n’a rien à envier aux athlètes “valides”, avec ses véritables champions et leurs performances incroyables !
Johann BIRÉE, Ambasseur du Sport et du Handicap et membre de la Commission Fédérale d’Haltérophilie Handisport et la Championne du Monde d’haltérophilie Handisport, Souhad GHAZOUANI, nous présentent l’haltérophilie HandiSport : le développé couché pour les non-valides.
Rémi CORTOT quant à lui nous présentera son parcours en tant que malvoyant parmis les valides en force athlétique.
Le HandiSport : présentation de la discipline
L’haltérophilie handisport est similaire à la pratique du développé couché valide mais sur un banc adapté.
Celui-ci est aménagé pour accueillir les différents athlètes, qui la plus part du temps sont handicapés des membres inférieurs mais pas seulement.
L’haltérophilie handisport se limite exclusivement à la pratique du développé couché. Il y a deux types de mouvements qui coexistent :
- le mouvement IPC Paralympique : ce mouvement s’apparente au mouvement pratiqué par les valides. Seul le banc est spécifique pour offrir plus de stabilité aux haltérophiles handicapés de membres inférieurs.
- le mouvement Handisport : ce mouvement est uniquement pratiqué en France, la barre est placée sur des supports latéraux et elle est soulevée à 2,5 cm au-dessus de la poitrine.
En loisir et en compétitions nationales, l’haltérophilie est ouverte à tout handicap. La compétition internationale est réservée au handicap physique uniquement. Voir cette article pour en savoir plus.
Il y a en France cette saison, en 2017, une soixantaine de licenciés-compétiteurs à la fédération d’haltérophilie HandiSport., mais il y a de nombreux pratiquants en France non compétiteurs en recherches de clubs affiliés handisport.
Johann BIRÉE, nous en explique un peu plus au sujet de l’haltérophilie Handisport.
Quels handicaps?
Les conditions physiques pour faire partie de la Fédération française de Handisport (FFH) sont tous types de handicaps physiques. moteurs (paraplégie, hémiplégie, spina bifida…) et sensoriels (malvoyant, mal entendant).
Comment un athlète peut-il s’entrainer quand il n’a pas de un club affilié à la FFH?
L’haltérophilie Handisport communique beaucoup auprès des clubs valides, qui en s’affiliant à la fédération française handisport permettent aux haltérophiles handisportifs de pouvoir s’entrainer et participer aux championnats nationaux.
Pour ces clubs, c’est un moyen aussi de recruter de futurs champions handisportifs et d’augmenter leur effectif.
Comment participer aux compétitions?
Les athlètes non-valides doivent être licenciés dans un club affilié FFH (fédération Française Handisport).
Par exemple: ils peuvent être licencié dans un club, qui est à plusieurs kilomètres de chez eux qui est affilié, et s’entrainer avec leur entraineur habituel.
Quel type de programme suivre ?
Chacun doit avoir un programme adapté à son niveau et à son handicap. On ne progresse pas tous de la même façon.
Ce que je peux conseiller à tout le monde par contre c’est d’être toujours constant dans ses programmes, de les respecter.
Écouter son corps, et son (ses) entraineur(s) pour ne pas se blesser.
Avoir un hygiène alimentaire, est un point essentiel pour progresser et développer ses compétences.
Les différences avec le développé couché des valides
En haltérophilie handisport, contrairement aux valides, nos jambes sont allongés sur le banc qui est donc forcément plus long et plus large.
Le mouvement en lui-même est similaire au développé couché valide. En handisport la technique du mouvement de développé couché doit être parfaite contrairement aux valides où le but est de monter la barre et sont acceptés les petites erreurs de décalages…
Le message que nous passons auprès des Clubs, Associations, Comités… valides est surtout qu’en tant que structures valides, ils peuvent accueillir des haltérophiles handisportifs et s’affilier afin de pouvoir participer, organiser, développer… aux évènements nationaux.
Durant notre saison sportive nous organisons 3 compétitions :
- Coupe de France des Clubs (courant novembre)
- Critérium National Michel ALLORGE (mars ou avril)
- Championnat de France IPC (Juin)
Une dizaine de clubs nationaux participent lors ces différentes journées.
Tous les niveaux sont représentés, du novice au niveau international.
Nos athlètes de haut niveau
Souhad GHAZOUANI : Championne Paralympique et multi-recordwoman du Monde
Julien AVOM MBUMÉ : Champion du Monde Junior -80kg en soulevant 161kg (record du Monde junior) en 2015
Patrick ARDON: 2 participations aux Jeux Paralympiques
Rafik ARABAT: Recordman national de performance
Prochains rendez-vous internationaux
– Du 25/05/2018 au 30/05/2018 Championnat d’Europe à Berck-sur-mer
Championnats de sélections pour les Jeux Paralympiques de 2020
– Du 25/07/2019 au 03/08/2019 Almaty
– Du 03/05/2020 au 07/05/2020 Dubaï
– Du 25/08/2020 au 06/09/2020 Tokyo
Interview de Souhad GHAZOUANI une athlète non-valide en HandiSport
La Championne du Monde d’haltérophilie handisport, Souhad GHAZOUANI nous répond à quelques questions. Médaille d’Or au Championnat du Monde qui se sont déroulés du 2 au 8 décembre 2017 au Mexique des -73 kilos, avec une barre à 145 kilos, loin devant la Chinoise Miaoyu Han, seconde avec 121 kilos. Souhad a le record du Monde avec 150 kilos ! Médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de Rio 2016 et médaille d’Or à ceux de Londres en 2012, rien que ça !!!!
PowerliftingMag : Comment s’est passé ta préparation pour ta dernière compétition ? Comment l’as-tu vécu ?
Souhad GHAZOUANI : Sans plus j’étais encore sur une phase de repos car les Championnats du Monde avait été annulés à cause des tremblements de terre au Mexique.
PowerliftingMag : Qu’est ce qui t’a motivé à faire de l’haltérophilie handisport ?
Souhad GHAZOUANI : C’était une échappatoire…
PowerliftingMag : Quelle sont les différences avec le développé traditionnel?
Souhad GHAZOUANI : Le mouvement est différent, les handi ne peuvent prendre appui sur leurs jambes et il ne peuvent pas ponter donc le mouvement est plus concentré et utilise uniquement la force des bras.
PowerliftingMag : Quel type d’entrainement suis-tu ?
Souhad GHAZOUANI : Je veux aller au maximum dans mes entraînements afin d’éviter la routine qui me lasserai de la discipline, il faut savoir varier les plaisirs à l’entraînement.
PowerliftingMag : Que dirais-tu à des athlètes non-valides pour les motiver dans ce sport ?
Souhad GHAZOUANI : Je n’ai pas grand-chose à leur dire à part d’essayer car ce sport ne peut pas plaire à tout le monde
Site Internet Haltérophilie Handisport
Selon son handicap il est possible dans certains cas de faire de la force athlétique ou du powerlifting en compétition parmi les athlètes valides., ce qui est le cas de Rémi CORTOT, qui nous présente cela.
Témoignage de Rémi CORTOT, un athlète handicapé visuel chez les valides
Rémi CORTOT : On peut avoir un handicap, et malgré tout pratiquer la force athlétique, la pratiquer en compétition et en plus avec des athlètes valides !
Moi, je n’ai rien contre le handisport, bien au contraire, sans le handisport beaucoup d’hommes et de femmes ayant des handicaps plus ou moins lourds ne pourraient en aucun cas pratiquer un sport de compétition. Mais dans certains sports, avoir un handicap est tout à fait compatible à le pratiquer avec des athlètes valides en compétition en étant sur un pied d’égalité.
Personnellement, je vais vous parler du handicap visuel parfaitement praticable avec la force athlétique avec les valides et sans complexes.
Ce que je vais vous raconter est du vécu, car c’est ma propre histoire.
J’ai commencé dans les sports découlant de la culture physique par le bodybuilding début des années 80. J’ai tiré à la WABBA et l’IFBB, une grande et belle époque pour le bodybuilding, j’ai pu côtoyer dans ma catégorie, les PITARCHE, BELKARIS, RIPER, BIGOIN, JAUNE, etc … Je tirais bien mon épingle du jeu, mais j’ai vite compris qu’en voulant rester un athlète naturel cela serait bien dur d’accéder sur le podium, donc j’ai fait une brève apparition en haltérophilie, trop technique à mon goût. Par conséquent, au début des années 90, j’ai débarqué en force athlétique. Je pense être passé par toutes les fédérations existantes, mais à la création de la FSFA, c’est celle-ci que j’ai choisi et celle où je tire encore.
Jusqu’à ce moment-là, ma vue était bonne, jusqu’au jour où un glaucome bilatérale apparaissait et petit à petit me réduisait la vue à des ombres et un peu de lumière. Mais avec avis médical j’ai pu poursuivre mon sport, sans trop de difficulté pour le développé couché, et le soulevé de terre. Par contre, pour le squat ce n’est pas la même chose, on sait que pour le squat le placement est hyper important :
- Placement et écartement des pieds,
- Lors de la flexion que les genoux aillent bien dans l’axe de la pointe des pieds,
- De reposer la barre plutôt partie postérieur des épaules, que sur les cervicales,
- Que le dos doit avoir une rectitude parfaite, et que la barre dans le mouvement reste bien dans sa gravité en respectant un maximum l’axe du polygone de sustentation,
- Et pour que tout cela se réalise le mieux possible, que l’on fixe visuellement un point d’horizon sans le lâcher au cours du mouvement de force athlétique ou de powerlifting …
C’était bien là ma difficulté car n’ayant plus la vue, ni de point fixe d’horizon, j’ai un déséquilibre très sérieux, je bascule en avant surtout et je peux vous dire qu’avec 200 kilos sur le dos, la moindre erreur de placement, ça ne pardonne pas. Quand on n’a plus de point de fixation visuel, on perd la sensation de l’espace aérien. Donc j’ai travaillé avec des charges légères, et sans utiliser des chaussures de squat, puis dans une visualisation interne je me suis défini un point de fixation et après des mois de travail, j’ai pu retrouver le lourd, sans perte d’équilibre. Attention, j’ai fourni un gros travail sur le terrain, avec une grande réflexion bio-anatomique avec études des angulations du mouvement, et revoir la proprioception avec perte visuelle.
Maintenant tout est rentré dans l’ordre, et je peux me mesurer avec les valides, sans aucun complexe, et d’ailleurs, je m’applique tellement que mes barres dans les trois mouvements sont propres et parfaites. En compétition, je me fais accompagner de A à Z, à l’échauffement, sur le plateau de compétition, et tout se passe pour le mieux
En conclusion, un handicapé visuel peut facilement pratiquer la force athlétique avec les valides. Le seul souci est que les athlètes handicapés ont souvent la peur de cette approche, pourtant sur le plateau quand la barre est en mains, athlète handicapé ou athlète valide même combat.
Allez me voir sur ma page athlète sur Facebook.
Rémi CORTOT
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